Ce 3e film de Martin Ziegler s'ouvre sur le silence de l’enfant, la dignité de l’enfant, sa solitude devant ce qui l’effraie, dans la détresse de l’abandon ou devant la beauté.
Alice-enfant se tait, regarde. Alice-adulte est devenue un regard, un regard offert au spectateur (et quel regard !) mais qui est en fait tourné en elle-même, à l’écoute des souvenirs qui gouttent en elle, la traversent, comme l’eau de la rivière dans ce village, où elle revient à pied, après avoir tout laissé derrière elle : sa carrière de peintre, son agent, la peinture.
Elle revient pour revoir ce pays de l’enfance, s’installe pour un lent retour en elle-même. Témoins de son immersion progressive dans la solitude, nous nous attachons à Alice à mesure que nous la sentons sombrer dans ses monologues intérieurs – chuchotements métalliques de boîte à musique –, dans ses images intérieures – terribles comme des secrets de famille, perturbantes comme la réalité des rêves, magnifiques comme des poèmes visuels… A la toute fin, nous sommes définitivement attachés à elle, bouleversés par l’épilogue du film et peut-être admiratifs de son refus d’être dupe, de sa quête de silence, saisis par son choix de s’échouer dans sa blessure.
Un film sans bavardage, loin de toute tentative séductrice, aux images une fois encore magnifiques. Faut-il encore ajouter : à voir ?
Gon'(Alice) (1h22) nouveau long métrage de Martin Ziegler
avec Mélanie Lacroix, Julien Cosquéric, Delphine Sartiaux...
DVD disponible auprès des éditions L. Mauguin
et sur le site www.apax-films.com
